L’origine du site se perd dans les temps troublés issus de la chute de l’Empire romain. Les populations trouvent en ce promontoire rocheux un lieu facilement défendable, mais surtout un observatoire idéal sur la vallée de la Dordogne et ses environs.
Bien plus tard, au tournant de l’An Mil, est fondée en ces lieux la seigneurie de Fénelon. Un premier castrum est alors édifié sur le rocher auquel succédera peu à peu une véritable forteresse qui sera rasée en 1241 pour avoir servi de refuge aux derniers cathares de la région.
Une nouvelle forteresse entourée de courtines est alors érigée à partir de la fin du XIIIe siècle. Elle est commandée par un donjon crénelé dominant une cour intérieure fortifiée ( ou « haute cour ») dans laquelle se trouvent l’impressionnant puits de 70 mètres de profondeur entièrement creusé dans la roche -un des puits les plus profonds de France !- et la chapelle seigneuriale dont l’abside est aménagée dans une tour de défense.
Au début du XVe siècle, Jean de Salignac « le Vieux », issu d’une des familles les plus puissantes du Périgord, achète la forteresse de Fénelon malmenée par le conflit franco-anglais et entreprend sa remise en état.
Le château est alors pourvu de très belles tours jumelles couronnées de chemins de ronde sur mâchicoulis et baptisées plus tard «tour des Confitures» et «tour de l’Inquisition».
La guerre de Cent Ans s’achève en 1453. La forteresse se transforme alors en une élégante demeure gothique. On construit l’imposante tour d’escalier à vis -ce dernier est impressionnant par l’ampleur de son développement intérieur- et on aménage le corps de logis seigneurial surmonté de deux monumentales lucarnes sculptées, chefs-d’œuvre de la fin du Moyen Âge. Les façades s’ouvrent de larges croisées à meneaux et les créneaux sont murés pour supporter une charpente en châtaignier. C’est à cette époque que le château se couvre entièrement d’une magnifique toiture de lauzes, la plus vaste du Périgord sur un édifice castral.
Tous ces travaux sont favorisés par les hautes charges de leurs commanditaires : Raymond de Salignac, chambellan et sénéchal des rois de France Charles VI et Charles VII, et son fils cadet Jean « le Jeune », conseiller et maître d’hôtel du roi Charles VIII.
En 1562 éclatent les guerres de Religion durant lesquelles le château retrouve une place stratégique de premier ordre dans la défense de la cause royale.
En 1577, Bertrand de Salignac de la Mothe-Fénelon devient le seigneur des lieux. Sa brillante carrière militaire et surtout diplomatique – il a notamment été ambassadeur de France en Angleterre auprès de la reine Élisabeth Ire – a fait de lui un des grands hommes de son temps, couvert d’honneurs par les quatre rois de France qu’il eut à servir.
Sur ordre royal, il refortifie considérablement le château. Les tours jumelles du XVe siècle sont doublées chacune d’une tour terrasse, faisant de Fénelon un des rares monuments dotés de tours accolées. Après d’importants travaux de terrassement, une muraille munie de défenses en éperon et de canonnières est ajoutée. Derrière elle, s’enroule le chemin d’accès verrouillé par deux châtelets surmontés de bretèches et menant à de monumentales écuries et à l’esplanade transformée en boulevard à canons. Enfin, un imposant bastion vient renforcer les fortifications de la basse-cour. Désormais, avec ses trois enceintes fortifiées munies d’échauguettes, ses quatorze tours (dont deux ont disparu), le site présente des véritables allures de citadelle.
Dans les années 1630, de grands travaux sont menés au château en vue de le mettre au goût du jour.
La muraille du XIIIe siècle composant la façade d’entrée est percée de quatre baies à meneaux et réduite en hauteur pour servir d’appui aux voûtes de la galerie élevée dans la cour intérieure. Celle-ci supporte une large terrasse-promenoir d’où se dévoile un magnifique panorama sur la vallée de la Dordogne. Bordée de balustrades en pierre sculptée, elle permet de joindre l’ancien donjon au corps de logis seigneurial, dont l’étage est entièrement redécoré et orné de boiseries et parquets en noyer. Pour accéder à la cour intérieure, on bâtit un imposant escalier en fer à cheval tout en prenant soin de conserver la présence d’un pont-levis (remplacé de nos jours par une passerelle fixe) pour se prémunir contre un coup de force, car, depuis la fin du XVIe siècle, la région est régulièrement en proie aux révoltes des croquants.
Le château que découvre aujourd’hui le visiteur n’a guère changé depuis ces derniers grands travaux de la première moitié du XVIIe siècle.
… une nouvelle fois abandonnée pendant plusieurs années, et dans la poursuite des travaux de restauration commencés il y a plus de cent ans par Ernest de Maleville.
Plusieurs opérations de sauvegarde sont menées :
– La rénovation progressive des intérieurs. Elle s’accompagne de la mise au jour d’aménagements médiévaux oubliés et de peintures murales allant du XVe au XVIIe siècle. Peu à peu, le parcours de visite s’enrichit de nouvelles salles permettant la présentation de la collection familiale d’œuvres d’art.
– La restauration de l’architecture extérieure, notamment des monumentales toitures de lauzes qui font la fierté des lieux. Débutée en 2009, elle est menée par Thierry Chapoulie, maître lauzier de père en fils. La réfection des charpentes est confiée quant à elle, au savoir-faire de Vincent Delteil et Pascal Lachaize.
– La préservation du domaine conciliant authenticité du site et respect de l’environnement avec refus de tout traitement chimique.
D’innombrables actions restent à mener et sont inscrites dans des programmes de restauration future : dégager les peintures murales des appartements seigneuriaux et retrouver les décors polychromes des plafonds, reconstruire la tour d’artillerie du XVe siècle effondrée en 1966 à la suite d’une déflagration supersonique d’un avion de chasse, ou remettre en état les magnifiques écuries du XVIe siècle sont quelques exemples parmi tant d’autres…
Ce travail titanesque rencontre la reconnaissance d’un public toujours plus large et a été salué en 2018 par l’attribution du Grand Prix des Vieilles Maisons Françaises.
Château de Fénelon, 982 route de Fénelon, 24370 Sainte-Mondane – +33 (0)5 53 29 81 45 – chateau.fenelon@orange.fr
Inscrivez-vous aux newsletters de Fénelon pour ne rien manquer des évènements à venir.
Suite aux forts intempéries survenus dans la nuit du vendredi 3 juin 2022, le Château de Fénelon doit malheureusement fermer ses portes jusqu’au jeudi 9 Juin inclus.
Nous vous prions de nous excuser pour la gêne occasionnée et avons hâte de vous retrouver.